Aujourd’hui, nous
devons aller passer la nuit à Chuanzhusi, d’où RM doit prendre l’avion demain
matin aux petites heures, pour rentrer à Pékin où son travail l’appelle après
cette escapade. Entre temps, nous irons visiter un autre parc, Huanglong, plus
petit que Jiuzhaigou mais cependant très spectaculaire et qui, comme le dit le
guide « mérite la visite si vous en avez les moyens… ». Au diable
l’avarice : nous n’avons pas fait 5000 kms pour mégoter et nous ne serons
pas déçus comme vous pourrez le voir sur les photos.
Quand nous quittons
l’hôtel de Jiuzhaigou, nous nous engageons sur la route que nous avons
empruntée avant-hier soir dans la nuit noire. Cette fois, nous profitons du
magnifique paysage de montagne, de la route en lacets, etc., et frissonnons
rétrospectivement… en pleine lumière avec le sentiment d’être un peu des
miraculés ! Il fait un temps splendide : ciel bleu intense, soleil
éclatant, 6 degrés (JL tient à préciser Celsius : ce sera sa contribution
à ce message). Nous bavardons calmement et, devant la conduite ‘sportive’ (je
suis polie) de l’entourage, j’interroge YZ sur les modalités d’attribution du
permis de conduire : en vraie grandeur sur route, ou sur un circuit ad
hoc ? La réponse n’est pas très claire mais je crois comprendre qu’il est
possible d’obtenir le diplôme en conduisant sur un circuit, pendant que
l’examinateur se tient prudemment sur le trottoir d’où il observe le
comportement des candidats ! Nous avons d’ailleurs vu, il y a quelques
jours, une scène de ce genre se dérouler en plein champ. Une question :
les étrangers, qui ne peuvent conduire en Chine que s’ils sont titulaires du
permis chinois, doivent-ils se livrer à cette mascarade ou ‘bénéficient-ils’
d’une procédure et/ou d’un tarif spécial ?
Nous montons ainsi
pendant une heure et demie, jusqu’à atteindre le plateau : la végétation
est quasi inexistante ; nous sommes entourés de pics qui culminent à 5800
mètres ; et au loin, en troisième plan, se profilent des sommets enneigés.
C’est vraiment impressionnant.
Nous faisons une
brève halte à Chuanzhusi afin d’y trouver un hôtel pour la nuit prochaine. Le
choix est limité, le confort spartiate (ni chauffage ni eau chaude mais un
monceau de couettes sur les lits : nous sommes à 3000 mètres d’altitude),
mais au moins on y admet les étrangers pour le même prix (modique) ! Nous
affichons une grande sérénité, d’autant plus grande que RM et surtout SR tirent
la gueule…
Sur la route de Huanglong, nous faisons un
petit arrêt à 3880 mètres d’altitude, montons à pieds jusqu’à 4005 mètres et,
ayant constaté que nous sommes toujours vivants – bien qu’un peu essoufflés – à
cette altitude, nous redescendons… et reprenons la voiture, en direction du
parc national. Arrivés à destination, une urgence : il faut vite aller
manger car il est déjà 11h30 et SR s’impatiente…
Après cette halte
gastronomique, achat de tickets (réduction sénior accordée aux deux petits
vieux sur présentation du passeport), minibus, téléphérique, et nous voici à
pied d’œuvre, c’est-à dire en haut des escaliers qui, ici aussi, agrémentent la
balade…
Nous faisons tout d’abord une grande boucle dans un sous-bois, éblouis
par la beauté des sites que nous découvrons : reliefs étonnants, cascades,
lacs étincelants, végétation multicolore, etc. Regardez donc les photos !
Nous faisons des
haltes assez fréquentes mais sans jamais quand même utiliser les bouteilles
d’oxygène prévues dans les petits chalets de repos qui bordent les chemins,
pardon, les escaliers…
Les articulations souffrent un peu aussi mais la beauté
du site vaut bien un petit effort.
A propos d’effort, nous croisons des
porteurs qui n’ont pas le loisir d’admirer le paysage tant ils sont
chargés, transportant sur leur dos des matériaux de construction (poutres,
briques, etc.) en quantité incroyable. Nous apprendrons plus tard qu’ils sont
payés au poids transporté : 0,7 yuan (soit environ 7 centimes d’euro) par
kilo de marchandise transportée sur la totalité du trajet (ils font au maximum
deux trajets par jour…). La curiosité des touristes à leur endroit (certains
les prennent en photo sur fond de paysage…) est assez obscène et illustre bien
la sauvagerie du système économique de la Chine moderne.
Mais il nous faut
maintenant retrouver notre port d’attache : nous repassons le col à 4000 m
(une routine maintenant) et roulons plein Ouest (le soleil en pleine face donc,
ce qui rend la conduite encore plus intéressante !) vers notre petit hôtel
glacial.
Au cours d’un
diner rapide, mais délicieux, nos organisateurs planifient la suite du voyage.
La seule question qui nous est posée est de savoir « à quelle heure nous
voulons partir demain matin ? ». Quand je dis que nous aurions
préféré qu’on nous demande « où ? », on me fait juste remarquer
qu’il est temps de rentrer car « nous sommes partis depuis 17
jours… ». Ne comprenant pas bien la logique de la réponse, nous déclarons
que nous allons nous coucher (il est 20 heures) de façon à être en pleine forme
tôt le matin… Ambiance !
Quand nous
arrivons dans notre chambre, il fait plutôt frais… Il est 20 heures 30, nous nous
blottissons sous un monceau de couettes, et buvons une rasade de Jack Daniels
(au goulot par souci d’hygiène car les verres sont vraiment trop dégueux…)
avant de nous endormir. Nous avons quand même une petite pensée peu charitable
pour nos camarades qui sont logés à la même enseigne, le Jack Daniels en moins
cependant.