samedi 29 septembre 2012

7 Octobre : de Jiuzhaigou à Chuanzhusi, via Huanglong


Aujourd’hui, nous devons aller passer la nuit à Chuanzhusi, d’où RM doit prendre l’avion demain matin aux petites heures, pour rentrer à Pékin où son travail l’appelle après cette escapade. Entre temps, nous irons visiter un autre parc, Huanglong, plus petit que Jiuzhaigou mais cependant très spectaculaire et qui, comme le dit le guide « mérite la visite si vous en avez les moyens… ». Au diable l’avarice : nous n’avons pas fait 5000 kms pour mégoter et nous ne serons pas déçus comme vous pourrez le voir sur les photos.

Quand nous quittons l’hôtel de Jiuzhaigou, nous nous engageons sur la route que nous avons empruntée avant-hier soir dans la nuit noire. Cette fois, nous profitons du magnifique paysage de montagne, de la route en lacets, etc., et frissonnons rétrospectivement… en pleine lumière avec le sentiment d’être un peu des miraculés ! Il fait un temps splendide : ciel bleu intense, soleil éclatant, 6 degrés (JL tient à préciser Celsius : ce sera sa contribution à ce message). Nous bavardons calmement et, devant la conduite ‘sportive’ (je suis polie) de l’entourage, j’interroge YZ sur les modalités d’attribution du permis de conduire : en vraie grandeur sur route, ou sur un circuit ad hoc ? La réponse n’est pas très claire mais je crois comprendre qu’il est possible d’obtenir le diplôme en conduisant sur un circuit, pendant que l’examinateur se tient prudemment sur le trottoir d’où il observe le comportement des candidats ! Nous avons d’ailleurs vu, il y a quelques jours, une scène de ce genre se dérouler en plein champ. Une question : les étrangers, qui ne peuvent conduire en Chine que s’ils sont titulaires du permis chinois, doivent-ils se livrer à cette mascarade ou ‘bénéficient-ils’ d’une procédure et/ou d’un tarif spécial ?

Nous montons ainsi pendant une heure et demie, jusqu’à atteindre le plateau : la végétation est quasi inexistante ; nous sommes entourés de pics qui culminent à 5800 mètres ; et au loin, en troisième plan, se profilent des sommets enneigés.  C’est vraiment impressionnant.

Nous faisons une brève halte à Chuanzhusi afin d’y trouver un hôtel pour la nuit prochaine. Le choix est limité, le confort spartiate (ni chauffage ni eau chaude mais un monceau de couettes sur les lits : nous sommes à 3000 mètres d’altitude), mais au moins on y admet les étrangers pour le même prix (modique) ! Nous affichons une grande sérénité, d’autant plus grande que RM et surtout SR tirent la gueule…
Sur la route de Huanglong, nous faisons un petit arrêt à 3880 mètres d’altitude, montons à pieds jusqu’à 4005 mètres et, ayant constaté que nous sommes toujours vivants – bien qu’un peu essoufflés – à cette altitude, nous redescendons… et reprenons la voiture, en direction du parc national. Arrivés à destination, une urgence : il faut vite aller manger car il est déjà 11h30 et SR s’impatiente…
 
Après cette halte gastronomique, achat de tickets (réduction sénior accordée aux deux petits vieux sur présentation du passeport), minibus, téléphérique, et nous voici à pied d’œuvre, c’est-à dire en haut des escaliers qui, ici aussi, agrémentent la balade…

Nous faisons tout d’abord une grande boucle dans un sous-bois, éblouis par la beauté des sites que nous découvrons : reliefs étonnants, cascades, lacs étincelants, végétation multicolore, etc. Regardez donc les photos !









 

Nous faisons des haltes assez fréquentes mais sans jamais quand même utiliser les bouteilles d’oxygène prévues dans les petits chalets de repos qui bordent les chemins, pardon, les escaliers…
 
Les articulations souffrent un peu aussi mais la beauté du site vaut bien un petit effort.



 

 
A propos d’effort, nous croisons des porteurs qui n’ont pas le loisir d’admirer le paysage tant ils sont chargés, transportant sur leur dos des matériaux de construction (poutres, briques, etc.) en quantité incroyable. Nous apprendrons plus tard qu’ils sont payés au poids transporté : 0,7 yuan (soit environ 7 centimes d’euro) par kilo de marchandise transportée sur la totalité du trajet (ils font au maximum deux trajets par jour…). La curiosité des touristes à leur endroit (certains les prennent en photo sur fond de paysage…) est assez obscène et illustre bien la sauvagerie du système économique de la Chine moderne.

Mais il nous faut maintenant retrouver notre port d’attache : nous repassons le col à 4000 m (une routine maintenant) et roulons plein Ouest (le soleil en pleine face donc, ce qui rend la conduite encore plus intéressante !) vers notre petit hôtel glacial.

Au cours d’un diner rapide, mais délicieux, nos organisateurs planifient la suite du voyage. La seule question qui nous est posée est de savoir « à quelle heure nous voulons partir demain matin ? ». Quand je dis que nous aurions préféré qu’on nous demande « où ? », on me fait juste remarquer qu’il est temps de rentrer car « nous sommes partis depuis 17 jours… ». Ne comprenant pas bien la logique de la réponse, nous déclarons que nous allons nous coucher (il est 20 heures) de façon à être en pleine forme tôt le matin… Ambiance !

Quand nous arrivons dans notre chambre, il fait plutôt frais… Il est 20 heures 30, nous nous blottissons sous un monceau de couettes, et buvons une rasade de Jack Daniels (au goulot par souci d’hygiène car les verres sont vraiment trop dégueux…) avant de nous endormir. Nous avons quand même une petite pensée peu charitable pour nos camarades qui sont logés à la même enseigne, le Jack Daniels en moins cependant.   
 

jeudi 27 septembre 2012

6 Octobre 2011 : dans la réserve de Jiuzhaigou


Ce matin : vacances ! Nous avons décidé d’aller, par nos propres moyens, visiter la réserve naturelle de Jiuzhaigou). Il nous faut d’abord nous orienter car nous sommes arrivés de nuit dans cet hôtel et manquons totalement de points de repère. En fait, nous sommes dans une sorte de ghetto pour touristes : hôtels, restaurants, boutiques, etc. Ayant trouvé assez vite une carte, de l’eau et de quoi pique-niquer, nous nous rendons sur la route avec l’intention de prendre un taxi jusqu’à l’entrée du site (que nous évaluons à 5-10 km). Un couple de jeunes australiens attend déjà et ils acceptent tout de suite de partager le taxi qui ne tarde pas à arriver. Moins d’un quart d’heure plus tard, nous voilà à pied d’œuvre, sur un parking gigantesque et face à une rangée impressionnante de postes de contrôle des tickets d’entrée.

Un grand nombre de bus électriques du plus beau vert circulent sans relâche à l’intérieur du parc, s’arrêtant dans les refuges prévus à partir desquels on peut emprunter les sentiers – en fait des passerelles de bois et/ou des escaliers (de bois aussi) – qu’il est hors de question de quitter pour aller batifoler, ou même seulement marcher, dans les sous bois : nous sommes dans un site naturel dont il convient de préserver le moindre brin d’herbe. Comme nous y sommes nombreux (des hordes que JL a pris un malin plaisir à photographier pour vous donner une idée de la fréquentation et de son organisation), il est déconseillé, et de toute façon quasi-impossible, de s’échapper du troupeau !
 

 
 

  
Ceux de nos amis randonneurs (Marc, Julie, Marie-Thérèse…) qui affectionnent les sentiers déserts, isolés et sauvages sont prévenus !   


Aux endroits stratégiques, des plates-formes sont prévues pour admirer le paysage mais surtout pour que chacun puisse prendre en photo sa petite amie posée langoureusement sur la barrière de protection, ou déguisée en costume de la Chine impériale. Il est très difficile d’approcher de cette barrière juste pour regarder le paysage ou alors, il faut jouer des coudes, à la chinoise ! 

Jiuzhaigou, qui signifie ‘ravin aux neuf villages’, doit son nom aux neuf villages tibétains Baima disséminés dans la région. Le site accueille chaque année plus d’un million et demi de visiteurs qui se pressent à bord des navettes, le long des sentiers aménagés et sur les sites les plus spectaculaires. La plupart des habitants ont été contraints de déménager ‘afin de protéger le parc’. Les rares tibétains qui habitent dans l’enceinte du parc (à l’écart des chemins balisés…) y exercent des ‘petits boulots’ (location de costumes pour se faire prendre en photo, par exemple) : la véritable raison de leur présence étant de sauver les apparences en entretenant l’illusion d’une vie locale.

D’après la légende, le site de Jiuzhaigou est issu de la chute d’un miroir magique qui, en tombant sur le sol, se brisa en 118 morceaux formant les lacs turquoises étincelants qui parsèment la forêt. A cette période de l’année, c’est un festival de couleurs : bleu des lacs et des cascades, couleurs mordorées de la végétation, blanc éblouissant des sommets enneigés qui surplombent le tout. Ne boudons pas notre plaisir : on peut assez facilement faire abstraction de la foule pour admirer cette merveille (site classé en 1992 au Patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO ; à juste titre).

 




Nous avons passé la journée dans le parc, avons pique-niqué dans un sous bois relativement peu fréquenté, et arpenté nombre de « sentiers » et d’escaliers, en longeant divers plans d’eau au bord desquels nous avons fait quelques rencontres : en particulier ce couple de chinois et leur fille originaires de Ha’erbin (ville située dans la partie nord de l’ex Mandchourie : frontière avec la Russie au nord est et la Mongolie intérieure au nord ouest). Ils sont venus discuter avec nous, nous invitant à leur rendre visite, et nous racontant en particulier qu’ils étaient venus en France au festival de Cannes ! Notre rencontre s’est terminée par l’inévitable séance de photos…
 
 







 

Après une brève visite du musée installé à l’entrée du site, nous nous mettons en quête d’un taxi pour retourner à l’hôtel. C’est beaucoup plus compliqué qu’à l’aller car des policiers zélés mais inefficaces tentent de mettre un peu d’ordre dans les diverses queues qui stagnent sur le parking. Finalement, on ne s’en sort qu’en appliquant la bonne vieille méthode : un mépris total de l’ordre d’arrivée des clients et quelques coups de coude bien appliqués aux concurrents pour s’imposer. Au bout de dix minutes, c’est réglé.

 

Nous sommes ravis de notre journée et accueillons gentiment YZ qui vient prendre de nos nouvelles et nous annoncer qu’ils ont fait une super visite du site (dont nous revenons à l’instant…), qu’ils vont prendre un peu de repos et ensuite aller dîner (avec nous si nous ne sommes pas trop fatigués !). Précision importante : c’est SR (qu’entre nous nous appelons Peggy) qui régale !

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Quand nous arrivons au resto, c’est le branle bas de combat : nos compagnons meurent de faim. D’ailleurs, SR ne peut plus attendre : avant toute chose, elle sort de sa besace un grand pot de yaourt (lait de yack : beurk !) qu’il nous faut ingurgiter (je m’en dispense…). Pour faire la distribution, elle est allée d’autorité chercher des bols dans la cuisine où elle se comporte en terrain conquis… sous le regard goguenard des serveurs et du patron.
Tout en lapant son yaourt, elle expertise la carte… La commande prend alors des allures de surenchère : rien n’étant trop beau pour sceller l’unité retrouvée du groupe, SR et RM, en femmes de tête, prennent les choses en main, et commandent à tout va le plus possible de plats que le patron note placidement. La liste en est déjà bien longue quand, tout à coup, SR s’avise en apercevant l’aquarium qui occupe le mur du fond du resto que, malheur, elle n’a pas commandé de poisson ! Elle apostrophe un serveur qui est mis en demeure de réparer au plus vite cette négligence, pour ne pas dire cette faute de goût ! C’est alors que se produit la catastrophe : le poisson que vient de pêcher le serveur se débat tant et tant qu’il échappe aux mains du gars et finit par atterrir sur le pavé quelque peu graisseux du resto où il continue à se contorsionner sous l’œil narquois de plusieurs témoins (qui préfèrent garder l’anonymat) et les vociférations de SR qui exige qu’on lui en pêche un autre ! Là dessus, nous cessons de nous intéresser au sort de ce malheureux poisson car nos plats – délicieux et abondants – arrivent. On se régale, sauf YZ qui n’aime pas le piment, au contraire de ses amis… Enfin, en guise de dessert, le poisson tant attendu arrive. C’est plutôt une soupe, délicieuse d’ailleurs, où surnagent des légumes, du piment, des champignons, et ‘of course’, quelques bribes de poisson… A vrai dire, plus personne n’a faim et c’est bien suffisant… Nous nous apprêtons donc à quitter les lieux (les chinois ne traînent pas à table) sans tarder quand SR s’empare de l’addition, comme prévu. Tout d’abord, elle s’étouffe et reste sans voix. Ce répit n’est que de courte durée et elle reprend vite ses esprits et sa véhémence au vu de l’addition, et plus particulièrement du prix qui lui est facturé pour ce foutu poisson qui se paye (cher !) au poids, ce dont elle ne s’était pas souciée, occupée qu’elle était à mettre de l’ordre dans la cuisine puis à se goinfrer à table… L’ambiance se détériore rapidement en même temps que le ton monte et que les clients prennent parti dans la discussion : Y avait-il vraiment un kilo de poisson ? Est-il normal que cette seule soupe représente la moitié de l’addition ? Doit-on, en plus payer les bols de riz ? Etc. Les trois hommes s’esquivent dignement, laissant à SR et RM le soin de régler ces problèmes d’intendance… La discussion se poursuit, à grand fracas, jusque sur le trottoir, surtout quand JL et moi proposons benoîtement (et en toute hypocrisie) de régler une partie de l’addition ! Suggestion refusée, à l’unanimité : pas question pour SR de perdre la face (surtout devant des étrangers) ; en plus ce n’est pas une question d’argent mais de principe ; bref, un vrai bon moment qui nous console de bien des humiliations !
N.B. Cette scène d'anthologie n'a pas fait l'objet de photos... Soyez imaginatifs !

Et maintenant, au lit et à demain pour de nouvelles aventures.

Et hop, c'est reparti...

Bonjour à tous,
Il y a exactement six mois que je vous ai laissés en plan dans le compte-rendu de nos aventures. Je reprends aujourd'hui car il n'est pas très bon d'abandonner une thérapie sans en tirer de conclusions... et pas très élégant non plus de laisser nos lecteurs assidus sur leur faim. Je vais donc, sans plus vous faire languir, vous livrer la suite de notre voyage.
Nous sommes donc le 6 Octobre, et nous venons d'arriver à Jiuzhaigou, après une étape longue et éprouvante, surtout pour les nerfs.