jeudi 27 septembre 2012

6 Octobre 2011 : dans la réserve de Jiuzhaigou


Ce matin : vacances ! Nous avons décidé d’aller, par nos propres moyens, visiter la réserve naturelle de Jiuzhaigou). Il nous faut d’abord nous orienter car nous sommes arrivés de nuit dans cet hôtel et manquons totalement de points de repère. En fait, nous sommes dans une sorte de ghetto pour touristes : hôtels, restaurants, boutiques, etc. Ayant trouvé assez vite une carte, de l’eau et de quoi pique-niquer, nous nous rendons sur la route avec l’intention de prendre un taxi jusqu’à l’entrée du site (que nous évaluons à 5-10 km). Un couple de jeunes australiens attend déjà et ils acceptent tout de suite de partager le taxi qui ne tarde pas à arriver. Moins d’un quart d’heure plus tard, nous voilà à pied d’œuvre, sur un parking gigantesque et face à une rangée impressionnante de postes de contrôle des tickets d’entrée.

Un grand nombre de bus électriques du plus beau vert circulent sans relâche à l’intérieur du parc, s’arrêtant dans les refuges prévus à partir desquels on peut emprunter les sentiers – en fait des passerelles de bois et/ou des escaliers (de bois aussi) – qu’il est hors de question de quitter pour aller batifoler, ou même seulement marcher, dans les sous bois : nous sommes dans un site naturel dont il convient de préserver le moindre brin d’herbe. Comme nous y sommes nombreux (des hordes que JL a pris un malin plaisir à photographier pour vous donner une idée de la fréquentation et de son organisation), il est déconseillé, et de toute façon quasi-impossible, de s’échapper du troupeau !
 

 
 

  
Ceux de nos amis randonneurs (Marc, Julie, Marie-Thérèse…) qui affectionnent les sentiers déserts, isolés et sauvages sont prévenus !   


Aux endroits stratégiques, des plates-formes sont prévues pour admirer le paysage mais surtout pour que chacun puisse prendre en photo sa petite amie posée langoureusement sur la barrière de protection, ou déguisée en costume de la Chine impériale. Il est très difficile d’approcher de cette barrière juste pour regarder le paysage ou alors, il faut jouer des coudes, à la chinoise ! 

Jiuzhaigou, qui signifie ‘ravin aux neuf villages’, doit son nom aux neuf villages tibétains Baima disséminés dans la région. Le site accueille chaque année plus d’un million et demi de visiteurs qui se pressent à bord des navettes, le long des sentiers aménagés et sur les sites les plus spectaculaires. La plupart des habitants ont été contraints de déménager ‘afin de protéger le parc’. Les rares tibétains qui habitent dans l’enceinte du parc (à l’écart des chemins balisés…) y exercent des ‘petits boulots’ (location de costumes pour se faire prendre en photo, par exemple) : la véritable raison de leur présence étant de sauver les apparences en entretenant l’illusion d’une vie locale.

D’après la légende, le site de Jiuzhaigou est issu de la chute d’un miroir magique qui, en tombant sur le sol, se brisa en 118 morceaux formant les lacs turquoises étincelants qui parsèment la forêt. A cette période de l’année, c’est un festival de couleurs : bleu des lacs et des cascades, couleurs mordorées de la végétation, blanc éblouissant des sommets enneigés qui surplombent le tout. Ne boudons pas notre plaisir : on peut assez facilement faire abstraction de la foule pour admirer cette merveille (site classé en 1992 au Patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO ; à juste titre).

 




Nous avons passé la journée dans le parc, avons pique-niqué dans un sous bois relativement peu fréquenté, et arpenté nombre de « sentiers » et d’escaliers, en longeant divers plans d’eau au bord desquels nous avons fait quelques rencontres : en particulier ce couple de chinois et leur fille originaires de Ha’erbin (ville située dans la partie nord de l’ex Mandchourie : frontière avec la Russie au nord est et la Mongolie intérieure au nord ouest). Ils sont venus discuter avec nous, nous invitant à leur rendre visite, et nous racontant en particulier qu’ils étaient venus en France au festival de Cannes ! Notre rencontre s’est terminée par l’inévitable séance de photos…
 
 







 

Après une brève visite du musée installé à l’entrée du site, nous nous mettons en quête d’un taxi pour retourner à l’hôtel. C’est beaucoup plus compliqué qu’à l’aller car des policiers zélés mais inefficaces tentent de mettre un peu d’ordre dans les diverses queues qui stagnent sur le parking. Finalement, on ne s’en sort qu’en appliquant la bonne vieille méthode : un mépris total de l’ordre d’arrivée des clients et quelques coups de coude bien appliqués aux concurrents pour s’imposer. Au bout de dix minutes, c’est réglé.

 

Nous sommes ravis de notre journée et accueillons gentiment YZ qui vient prendre de nos nouvelles et nous annoncer qu’ils ont fait une super visite du site (dont nous revenons à l’instant…), qu’ils vont prendre un peu de repos et ensuite aller dîner (avec nous si nous ne sommes pas trop fatigués !). Précision importante : c’est SR (qu’entre nous nous appelons Peggy) qui régale !

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Quand nous arrivons au resto, c’est le branle bas de combat : nos compagnons meurent de faim. D’ailleurs, SR ne peut plus attendre : avant toute chose, elle sort de sa besace un grand pot de yaourt (lait de yack : beurk !) qu’il nous faut ingurgiter (je m’en dispense…). Pour faire la distribution, elle est allée d’autorité chercher des bols dans la cuisine où elle se comporte en terrain conquis… sous le regard goguenard des serveurs et du patron.
Tout en lapant son yaourt, elle expertise la carte… La commande prend alors des allures de surenchère : rien n’étant trop beau pour sceller l’unité retrouvée du groupe, SR et RM, en femmes de tête, prennent les choses en main, et commandent à tout va le plus possible de plats que le patron note placidement. La liste en est déjà bien longue quand, tout à coup, SR s’avise en apercevant l’aquarium qui occupe le mur du fond du resto que, malheur, elle n’a pas commandé de poisson ! Elle apostrophe un serveur qui est mis en demeure de réparer au plus vite cette négligence, pour ne pas dire cette faute de goût ! C’est alors que se produit la catastrophe : le poisson que vient de pêcher le serveur se débat tant et tant qu’il échappe aux mains du gars et finit par atterrir sur le pavé quelque peu graisseux du resto où il continue à se contorsionner sous l’œil narquois de plusieurs témoins (qui préfèrent garder l’anonymat) et les vociférations de SR qui exige qu’on lui en pêche un autre ! Là dessus, nous cessons de nous intéresser au sort de ce malheureux poisson car nos plats – délicieux et abondants – arrivent. On se régale, sauf YZ qui n’aime pas le piment, au contraire de ses amis… Enfin, en guise de dessert, le poisson tant attendu arrive. C’est plutôt une soupe, délicieuse d’ailleurs, où surnagent des légumes, du piment, des champignons, et ‘of course’, quelques bribes de poisson… A vrai dire, plus personne n’a faim et c’est bien suffisant… Nous nous apprêtons donc à quitter les lieux (les chinois ne traînent pas à table) sans tarder quand SR s’empare de l’addition, comme prévu. Tout d’abord, elle s’étouffe et reste sans voix. Ce répit n’est que de courte durée et elle reprend vite ses esprits et sa véhémence au vu de l’addition, et plus particulièrement du prix qui lui est facturé pour ce foutu poisson qui se paye (cher !) au poids, ce dont elle ne s’était pas souciée, occupée qu’elle était à mettre de l’ordre dans la cuisine puis à se goinfrer à table… L’ambiance se détériore rapidement en même temps que le ton monte et que les clients prennent parti dans la discussion : Y avait-il vraiment un kilo de poisson ? Est-il normal que cette seule soupe représente la moitié de l’addition ? Doit-on, en plus payer les bols de riz ? Etc. Les trois hommes s’esquivent dignement, laissant à SR et RM le soin de régler ces problèmes d’intendance… La discussion se poursuit, à grand fracas, jusque sur le trottoir, surtout quand JL et moi proposons benoîtement (et en toute hypocrisie) de régler une partie de l’addition ! Suggestion refusée, à l’unanimité : pas question pour SR de perdre la face (surtout devant des étrangers) ; en plus ce n’est pas une question d’argent mais de principe ; bref, un vrai bon moment qui nous console de bien des humiliations !
N.B. Cette scène d'anthologie n'a pas fait l'objet de photos... Soyez imaginatifs !

Et maintenant, au lit et à demain pour de nouvelles aventures.

2 commentaires:

  1. Et bien ça valait le coup d’attendre ! Les photos sont superbes et le récit plus serein avec toujours ses pointes d’ironie. Et toujours aussi intéressant. Bien le repas ! On sent que les désillusions au lendemain du voyage s’estompent.
    Des photos de SR et RM dans le prochain post ?

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  2. avec le coffre-épicerie? :)

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