lundi 19 décembre 2011

25 Septembre: Cap à l'ouest toute, jusqu'à Dunhuang

Nous sommes d’accord tous les trois pour tenter la bonne route jusqu’à Jiayuguan (soit 400 km sur une route en bon état), quitte à nous faire refouler et à nous rabattre alors sur l’ancienne route plus longue (560 km) et surtout très difficilement praticable, pour aboutir au même point. Dans ce dernier cas, il nous faudra faire au moins une étape au milieu de nulle part (camping sauvage dans le désert ?). Ce que nous ne savons pas, c’est où et quand nous devons exactement retrouver les amis et la femme d’YZ : nos questions réitérées sur le sujet se sont toujours heurtées à des réponses vagues, voire contradictoires !
Dès 7 heures 30 ce dimanche matin, nous sommes fin prêts et, une fois fait le plein, nous nous embarquons sur la « bonne route » qui est d’ailleurs quasiment déserte (dans le désert ajoute JL à la relecture…). Aucun problème, aucune mauvaise rencontre. Nous passons à proximité du site de lancement des fusées que JL s’apprête à photographier au vol, ce que je lui interdis. Prudence n’est pas poltronnerie ! A 10 heures, nous quittons la Mongolie à 100 à l’heure sans avoir vu trace de la police. OUF, nous avons une petite pensée reconnaissante pour les gars rencontrés au resto hier, qui nous ont mis sur la piste de cette route absente des cartes mais bien réelle cependant. Au passage, nous nous arrêtons pour regarder passer un train : il est bourré d’officiels qui se rendent sur le site de lancement (il y a une voie de chemin de fer réservée à la desserte du site). Des militaires en grande tenue se tiennent au bord de la voie et saluent le convoi, au garde à vous… Nous nous esquivons discrètement et filons en direction de la province du Gansu. La route est bordée de champs de coton séparés par des barrières de plants de maïs. Nous longeons aussi des champs de piments.
C’est le moment de la récolte : les piments sèchent au soleil et les camions transportent d’énormes ballots de coton. Le paysage est paisible quand nous nous engageons dans le corridor du Hexi, l'ancienne voie de passage de la route de la Soie, située entre les contreforts du plateau tibétain au sud (au loin des sommets enneigés atteignent 5000 mètres d’altitude) et le plateau de Mongolie (désert de Gobi) au nord, d’altitude plus modeste. Cet étroit bandeau de terre (environ 100 km de large) où se succèdent les oasis a été un axe de circulation pendant des millénaires, connectant l'Asie Centrale à la Chine des Hans. Vers midi, nous arrivons aux abords de Jiayuguan, ville qui, d’après le Lonely Planet « constitue une étape majeure de la Route de la Soie…/… [et] continue de marquer la fin symbolique de la Grande Muraille, la limite occidentale de la Chine proprement dite, et pour la Chine impériale, le début de nulle part » (p. 876). Ayant échappé à l’interminable enfer de la mauvaise route (renseignements pris au retour, il nous aurait fallu 8 à 10 heures de plus !), ayant échappé aussi à la police et avouons-le au stress engendré par cette aventure, nous sommes détendus et contents, jusqu’à l’arrivée à Jiayuguan où nous pensons naïvement que nous allons nous arrêter : nous avons quand même parcouru 300 km depuis ce matin !

L’ambiance se dégrade donc quand, sans nous consulter, YZ nous embarque pied au plancher sur une nouvelle autoroute ! Vu tout le temps que nous avons gagné depuis ce matin, nous n’allons pas nous arrêter en si bon chemin et puisque nous avions prévu d’aller à Dunhuang (important site bouddhiste dont les plus anciennes grottes datent du 4ème siècle !) eh bien, nous allons y aller, et tout de suite ! YZ essaie de nous faire croire qu’il ne reste que 200 km, euh non peut-être 250 ou 300… ou n’importe quoi. Bref au terme d’un échange bref mais vif avec JL, il fait comme si nous étions d’accord, après avoir vainement essayé de recueillir l’assentiment de JL qui, manque de pot, a déclaré qu’il n’en dirait pas plus sur le sujet… Après tout, il ne reste que 475 km à parcourir. En avant donc dans un silence assez pesant.
La route est très monotone, juste agrémentée de quelques champs d’éoliennes et d’une quantité de panneaux solaires. Nous visitons aussi quelques stations service (essence, pipi, et on repart…). Détail qui tue et ne contribue pas à rétablir la bonne humeur : dans l’une de ces stations, nous nous trouvons replongés dans l’ambiance –visuelle et olfactive– de nos premiers voyages en Chine tant les sanitaires, pourtant flambant neufs, sont dégueux !
JL qui a pris le volant à la demande d’YZ, reste stoïque devant le spectacle de la circulation routière qui n’est pas des plus réjouissant : files interminables de camions, conduite fébrile, dépassements acrobatiques ; le code de la route est bien malmené. Nous croisons même une voiture qui fonce en sens inverse sur l’autoroute : sans commentaire.  Dans un message spécial, nous essaierons de vous donner une idée de l’ambiance qui règne sur les routes, du mode de conduite assez particulier qu’adoptent la plupart des conducteurs, des petites manies de notre ami au volant, etc.

La région de Dunhuang étant très renommée pour ses melons, on trouve des éventaires au long de la route : nous nous arrêtons dans l’un d’entre eux où nous dégustons plusieurs sortes de melon ; frais, séché, confit, etc. Très bon.





A 18 heures, arrivons enfin à Dunhuang : nous avons passé 11 heures dans la voiture et parcouru 785 km depuis ce matin. Ça commence à bien faire.
JL sort de son mutisme (ceux qui le connaissent peuvent avoir une petite idée de l’ambiance) pour déclarer qu’il ne veut qu’une chose : aller boire une bière sur une terrasse !  
Quand on connait un peu les villes chinoises, on sait que trouver une terrasse est un beau défi... que nous allons relever ! Pas très loin de notre hôtel, situé pour une fois en pleine ville, nous trouvons en effet le marché de nuit. Il ne fait pas nuit et ce n’est pas un marché mais un regroupement de restaurants et de bars, assez sympas et surtout, à ciel ouvert et à l’écart de la circulation : bref, juste ce qu’il nous faut. C'est là  que nous prendrons un repas et quelques bières avant de rentrer à l’hôtel.






Avant de sombrer dans le sommeil, nous réalisons que depuis que nous avons quitté Pékin, il y a 6 jours, nous en sommes à 2790 km… Nous n’en sommes pas fiers, juste un peu fatigués !

4 commentaires:

  1. Ah on sent que ça se gâte ! Et l’annonce de la rencontre avec les amis est pleine de promesses. AM doit affuter son clavier. Est-ce que JL a mis le parcours détaillé sur Google Maps ?

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  2. En fait maintenant vous allez non seulement être retraités mais aussi "rangés des voitures"!!

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  3. Allo vous deux
    Absolument fascinant comme récit de voyage; on a vraiment l'impression d'être avec vous... quoique pour ma part, je me contenterais de partager la bière sur la terrasse ! A la tienne, JL.
    Carole

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  4. Yasmina a dit…
    Les "haies" de maïs sont censées protéger les cultures de l'année ou bien sont-elles un reliquat de la culture de la saison précédente?
    (ça c'est au moins une question rouge!!)

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