lundi 28 novembre 2011

Samedi 24 septembre : Papy et Mamy font de l’espionnage !

Réveil matinal, café, toilette… A tout hasard, nous rangeons les affaires comme si nous devions plier bagage rapidement. Nous pensons au site de Khara Khoto qui devait être l’un des temps forts de notre voyage en Mongolie et dont la visite, prévue aujourd’hui, est peut-être compromise à jamais…
Nous profitons de notre avance sur l’horaire pour aller faire un tour. Nous découvrons ainsi les nouveaux quartiers en cours d’aménagement de la ville d’Ejina.
C’est impressionnant. Alors que nous sommes à deux pas des rues où s’activent les petits marchands de beignets et de thé, les artisans qui réparent tout et n’importe quoi, nous nous trouvons plongés dans un quartier flambant neuf dont le luxe clinquant est en décalage complet avec son environnement.
 
On peut déjà imaginer que des nouveaux riches arrogants équipés de tous les attributs de la réussite (4x4 rutilants, petits chiens, etc.) et des bureaucrates complices vont investir les larges avenues et les trottoirs qui desservent les immeubles prétentieux tout en marbre dont certains sont déjà occupés même avant d’être complètement finis… Nous ressortons vite de cet endroit, allons nous acheter quelques délicieux beignets que nous dégustons dans la rue avant d’aller affronter la bureaucratie responsable de l’accueil des étrangers qui détient nos précieux passeports !



Nous allons retrouver YZ à l’hôtel, embarquons dans la voiture et partons à la recherche du quartier administratif. Quand nous le trouvons enfin, en plein désert autoroutier, nous restons baba devant la grandiloquence des constructions : le bâtiment du gouvernement de la province et celui de la police dans lequel nous pénétrons. 

L'immeuble du gouvernement de la province

 Mais c’est le grand désert humain. Nous trouvons enfin un gardien qui s’arrache à la série américaine devant laquelle il somnolait pour nous dire que nous devons attendre… la fin de la réunion, certainement importante, qui se tient dans l’une des innombrables salles de ce palace.
 On vient enfin nous chercher : la chef, son assistante et un petit stagiaire zélé que nous traitons cependant avec le plus grand respect car nous avons aperçu que c’est lui qui détient dans ses mains nos passeports ! Nous nous rendons, sous bonne escorte, dans un bâtiment plus modeste réservé à « l’accueil des étrangers ». (ci-dessous).
JL et moi sommes transparents. On ne nous parle pas, on ne nous regarde même pas. On nous fait juste savoir, par l’intermédiaire de YZ, que nous n’avons pas intérêt à la ramener, ni même à faire la moindre remarque ou mimique : ces fonctionnaires nous font savoir qu’ils ne font que leur travail ; ils protègent le pays et ses installations de la curiosité des étrangers (qui sont a priori des espions potentiels…).

Il faut dire qu’à quelques kilomètres d’Ejina, en plein désert, se trouve une base de lancement de fusées. Or, un lancement doit avoir lieu ces jours-ci (on ne peut pas dire à quelle date pour des raisons évidentes de secret bien sûr mais surtout en raison de la paranoïa ambiante qui règne à propos des étrangers). Et si ces deux là (en nous désignant) étaient des espions ! Les raisons qu’invoque YZ pour nous disculper « je voyage avec eux, ce sont mes amis, je les connais depuis 25 ans, etc. » ne suffisent pas à lever les soupçons. Et alors, comment peut-il être sûr que nous ne sommes pas des espions ? Nous réussissons à rester imperturbables pendant que nos passeports et visas sont examinés et photocopiés sous toutes les coutures. Résultat des courses : nous sommes priés de déguerpir dans les 24 heures. Nous allons aussi devoir payer (100 yuans) un permis spécial qui va nous être établi immédiatement ; nous devons également payer sur le champ une amende de 1000 yuans  (soit au moins le salaire mensuel de la bureaucrate en chef !). Ajoutons que le reçu que nous demandons ne pourra pas être établi avant lundi car « le service des factures est fermé le samedi » et il faut qu’une facture soit établie pour obtenir un reçu... Je ne sais pas sur quelle base les 1000 yuans ont été répartis entre les protagonistes de cette brillante opération de contre espionnage !
 On nous rend enfin nos précieux passeports – il est 11 heures – et nous quittons sans regret ce blockhaus et ses occupant(e)s… Auparavant, la chef fait un dernier petit sermon à YZ et lui donne son numéro de téléphone ! Qu’il la contacte directement la prochaine fois qu’il accompagnera des étrangers : les formalités et le paiement de la rançon pourraient ainsi être simplifiés et tout le monde y trouverait son compte ; c’est l’interprétation que nous faisons de cette dernière scène…

La suite de la journée au prochain message !

1 commentaire:

  1. Je me pose tout de même une question: comment font les "estrangés" qui ne veulent pas "touropérater" et qui n'ont pas un YZ dans leurs holster?

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